Faux, Assimi Goïta n’a pas demandé d’« accélérer le processus d’abandon du franc CFA »
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Un article web relayé par de nombreux sites internet affirme que le président de la transition du Mali a invité les experts de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) à accélérer le processus d’abandon du FCFA en marge de sa visite à Sikasso. Attention, c’est une fausse information.
« Le président de la Transition du Mali, le colonel Assimi Goïta, lors d’un discours public le 22 juin, a accusé la France d’imprimer de faux billets de francs CFA, dans le but de déstabiliser l’économie malienne », introduit ces articles. Avant de renchérir : « Il a appelé les experts à accélérer le processus d’abandon du franc CFA en tant que monnaie coloniale. ». Nous le retrouvons sur plusieurs sites connus au Mali comme Maliweb ici, là ou encore là,(liens archivés 1,2,3). L’article a été publié par Afrique Média avant d’être repris par ces sites.
Si le président a parlé de fabrication de faux billets, il n’a cependant pas accusé nommément un pays en particulier et n’a pas parlé d’abandon du FCFA.
Afin de vérifier cette information, nous avons revisionné l’intégralité [lien archivé ici] du discours du président de la transition Col. Assimi Goïta lors de son voyage à Sikasso le 22 juin 2024.
Dans ce discours, le président mentionne effectivement « plusieurs formes de terrorisme » auxquelles le Mali fait face : « armé », « médiatique (mensonges et fake news « pour nous monter les uns contre les autres ») » et « économique. » En développant le concept de « terrorisme économique », il a cité plusieurs difficultés, parmi lesquelles l’augmentation des tarifs au niveau du port de la Guinée lors des sanctions de la CEDEAO pour, selon lui « pousser les transporteurs maliens à la révolte. » Dans la même veine, il aborde des tentatives d’injection de faux billets dans l’économie malienne : « Ils ont fabriqué de nombreux faux billets FCFA pour essayer de les introduire dans le pays. Avec la vigilance de nos douaniers, nous avons déjoué deux tentatives par la voie terrestre et une autre par voie aérienne. »
Dans ces déclarations, il est important de noter qu’à aucun moment Assimi Goïta n’a accusé un pays en particulier même si c’est la France, pays avec lequel le Mali a des relations compliquées, qui est généralement pointée du doigt. Il n’a pas non plus appelé à accélérer la question d’abandon du FCFA.
L’Alliance des Etats du sahel dont le Mali est membre avec le Niger et le Burkina Faso a fait une déclaration lors de la première réunion des ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’Alliance des États du Sahel sur la question de monnaie.
Dans cette première entrevue, il y a eu des recommandations des ministres de l’Économie et des Finances, qui incluent « la création d’un fonds de stabilisation et d’une banque d’investissement de l’AES, ainsi que la mise en place d’un comité chargé d’approfondir les réflexions sur les questions de l’union économique et monétaire. » Après cette dernière rencontre, aucune information sur un projet de création d’une nouvelle monnaie ou l’abandon du FCFA par l’AES n’a été donnée par ces différents chefs d’Etats.
Aly DIABATE