La reconnaissance est l’une des plus des plus belles valeurs qui soit au monde. Elle permet de reconnaitre l’effort de l’autre, de lui témoigner de la gratitude et l’encourager à faire encore mieux. Elle a de ce fait, une très grande portée car va au-delà de la simple personne à qui on la témoigne. Elle permet de prendre ces personnes en modèles, en référence, vouloir être comme elles à l’avenir.
Le Mali est un pays ou nous n’avions pas cette culture de la reconnaissance. Des gens passent toute leur vie à servir ce pays dans l’administration, dans l’enseignement, le sport, les arts et tant d’autres domaines ou ils s’investissent à le faire briller tant à l’intérieur qu’à l’extérieur mais meurent sans être reconnus par leur pays. Cela amène une certaine frustration, une certaine démotivation et fait que l’on n’attend plus rien de son pays.

Et pourtant la reconnaissance est un besoin essentiel dans la vie de tout homme.

Dans la pyramide des besoins de Maslow, on retrouve le besoin de reconnaissance à la quatrième position, cela démontre à quel point, c’est important pour chacun d’entre-nous d’être reconnu par ses pairs, de savoir qu’il est important et qu’il est d’une certaine utilité pour les autres dans la société. Certaines personnes ayant compris cela ont donc fait de ces cérémonies de reconnaissance et de récompense leur travail. Cela en soi n’est pas un problème, le problème, c’est de récompenser à chaque fois, des personnes qui ne le méritent guère.

Un carnaval de cérémonies de reconnaissance .

Malheureusement au Mali, c’est à cela que nous assistons, un carnaval de cérémonies de reconnaissance qui n’ont pour but que de flatter les égos de personnes sans aucun mérite. Chaque jour, on crée un nouveau concept et cela devient une entreprise pour des personnes qui ne sont soucieuses que de se remplir la poche. Et la plupart du temps, Il n’y a aucun critère derrière toutes ces reconnaissances, aucune condition véritable à remplir. Il suffit juste d’être amis avec l’autre, que la personne ait un peu d’argent ou pour être dans les bonnes grâces de ce dernier. Vous voyez à quel point cela devient pathétique et enlève toute crédibilité à ces reconnaissances de folklore. On peut dire que c’est devenu une mafia. On se retrouve avec des meilleurs entrepreneurs de l’année qui n’ont pas d’entreprises, des meilleurs journalistes qui ne connaissent pas la définition du journalisme, des meilleurs photographes qui n’ont pas d’appareils photo, des meilleurs artistes sans aucun art, des écrivains sans livres et des humoristes sans aucun humour etc. Une véritable promotion de la médiocrité au quotidien.

Les réseaux sociaux : outils de mesure pour reconnaitre les efforts de l’autre.

Il arrive que le seul outil dont dispose ces organisateurs de cérémonies de folklore soit les réseaux sociaux. Il faut juste aller sur Facebook, voir le nombre de publications de telle ou telle personnes et en fonction de cela, évaluer son mérite. C’est de la comédie, on ne récompense plus les efforts, plus le travail véritable, on récompense donc la capacité de communication de la personne sans réellement s’intéresser en profondeur à ce qu’elle fait. Facebook ou TikTok ne peuvent en aucun cas être la mesure d’un quelconque impact dans une société. Il faut des investigations pour savoir réellement ce que fait la personne et quels sont les résultats que la personne a obtenus.

La non crédibilité de ces reconnaissances.

À force d’exagérer ces pratiques, on enlève à toutes ces cérémonies, toute crédibilité ou légitimité. Dans toute chose, il y’a du bon, j’en suis sûr qu’au Mali, il existe des cadres ou concepts de reconnaissance dont on ne saurait remettre en cause ni la fiabilité, ni la légitimité parce qu’ils ont des critères et se battent pour récompenser les personnes en fonction de leur mérite. Même si c’est triste de le reconnaitre, elles se font rares et se voient perdre toute légitimité avec ces cérémonies qui pullulent de partout.

Des piètres modèles pour nos enfants.

En reconnaissant des personnes sans mérites, nous lançons un message sans le savoir à nos enfants, nous leur disons : battez-vous pour ressembler à telle ou telle personne, que réussir, c’est se montrer nue sur les réseaux sociaux, conduire une range-rover, porter une rolex, se créer une vie sur les réseaux sociaux et d’attendre que les lauriers leur tombent dessus. Nous leur disons sans le savoir que le travail, le savoir, le talent, l’art ne servent à rien. Nous leur disons qu’il ne faut plus fournir d’efforts, que la créativité, l’imagination ne mènent nulle part et que vivre se résume à paraitre. Les enfants ont besoin de modèles et pour eux, ces gens que nous leur montrons seront les leurs. Et sans le savoir, nous devenons des criminels et poussons nos enfants à commettre l’irréparable.

Rigueur et professionnalisme pour les reconnaissances.

Il est impératif de remédier à ce qui se passe actuellement. Pour cela, il faut qu’on interdise toutes ces cérémonies de reconnaissance sans critères aucune et qui n’apportent rien comme plus. Il faut une commission ou un organe de gestion qui gère toutes les questions liées à ce sujet et vérifie que l’on récompense réellement en fonction du mérite. Et s’il s’agit de voter, que l’on puisse vérifier de façon claire les résultats et déterminer la personne qui aura gagné. Il faut de la rigueur et du professionnalisme sinon personne de bonne foi, n’acceptera de participer à ces cérémonies de folklore et pire qu’une mafia, nous laisserons des personnes sans aucun mérite être les modèles de nos enfants. Ceux là même qui sont censés construire le Mali de demain.