Je suis assis à la boutique avec les amis pour faire passer le temps en ce mois de Ramadan. On allume la radio pour nous tenir compagnie car parler en ces heures devient difficile. La radio allumée, l’animateur crie, insulte et discrédite l’accord d’Alger. Il parle de trahison du peuple par l’élite politique. Il tient des propos qui ne sont même pas digne d’un grin à plus forte raison de passer à une radio. Écœuré, je me suis rappelé que ce sujet m’a toujours tenu à cœur car ce n’est pas la première fois que cela m’arrive d’entendre de pareilles sornettes à la radio. Alors c’est important pour moi d’en parler.
La radio est le média le plus suivi au Mali. Ce n’est nullement un sujet à débattre mais une réalité. Malgré l’avènement des réseaux sociaux, de la télévision, le malien continue de vouer un certain attachement particulier à la radio. Pour ceux qui sont au village et dans certaines villes, c’est carrément le seul canal d’information auquel ils ont confiance. Vous verrez qu’ils se réveillent et dorment avec la radio. Pour eux tout ce qui se dit est la stricte vérité. Je le dis en connaissance de cause pour avoir grandi à Tombouctou et avoir vu quel attachement les gens ont pour la radio. Elle est facilement accessible, moins chère et encore mobile d’oú sa grande utilisation. En voiture, à moto, en voyage, partout et à tout moment les gens sont attentifs à ceux qui se disent à la radio. Je dis tout cela pour montrer la place capitale qu’elle occupe dans la vie des maliens et sa contribution dans l’éducation ou encore dans la désinformation des populations selon les programmes initiatrice de tensions. La radio a un véritable pouvoir. C’est la raison pour laquelle, il faut faire énormément attention à ce qui s’y dit, c’est important. Imaginez des animateurs qui passent leurs journées à insulter, à pousser les gens à haïr les institutions, à créer la zizanie entre les jeunes et parfois poussent même à commettre des atrocités comme des crimes à l’encontre de certains. Je suis pour la liberté de pensée. Je ne saurai la vouloir limitée jusqu’au bout. Je la défendrai s’il le faut car la beauté de la démocratie sans nul doute demeure dans la contradiction et dans la possibilité de pouvoir dire librement ce que l’on ressent sans avoir peur de représailles. Je suis pour celà mais je suis contre la vulgarité, les insultes, les propos injurieux, haineux, les discours séparatistes qu’on entend chaque jour à la radio. Pire parfois, des charlatans y passent des heures à vanter les mérites de leurs produits. Ils ont un médicament pour tout. Il suffit d’un coup de fil, vous serez guéris. Ils sont même capables de vendre le paradis aux auditeurs. S’ils parviennent à leurs fins, c’est parce qu’on leur permet d’avoir accès à nos radios comme bon leur semble et celà est véritablement à dénoncer. Les choses s’aggravent chaque jour de plus pour ce média alors je pense qu’il urge qu’on fasse attention à ceux qui parlent à la radio, aux programmes qui sont diffusés et aux personnes qui sont invitées. La radio permet d’éduquer, de véhiculer un message et de donner une certaine joie de vivre aux auditeurs. C’est un média qui anime la vie dans la cité et nous devons coûte que coûte la préserver. Mon admiration pour les hommes et les femmes de radio est sans borne, j’adore écouter mon professeur de radio Yaya Coulibaly, mon ami Abdoulaye Sacko et tout ceux qui chaque jour me donne envie de faire de la radio.

Plus qu’une nécessité, il urge de prendre à cœur tous ces problèmes qui minent nos radios pour qu’elles ne soient pas des vecteurs de médiocrité et d’obscurantisme mais surtout de lumière pour le plus grand bien des populations.