Anakana, village des Hommes renouvelés

Le beau soleil se lève et illumine la falaise, le jour se lève à Anakana, le beau village, au flanc de la falaise qui donne une vue splendide sur la plaine verdoyante du pays dogon. Anakana en Dogon veut dire  » le nouveau village ». Il se situe entre Djam-ana  » le village de la Paix » et Molibi-ana  » le village de l’Union ». Anakana, est le village des Hommes renouvelés, ceux qui mettent la personne au-dessus de tout. C’est le village où règne cohésion, joie et entente entre les familles, car on se partage tout à Anakana. Ici,mon fils est ton fils, mon père est le tien ainsi que mes frères et sœurs.

À l’étranger, on dit toujours  » Guinèdo » qui veut dire bienvenue à la maison.
Les hommes se retrouvent sous l’arbre à palabres ou sous le Toguna pour discuter ou ressoudre les problèmes du village et les conflits.
Le Toguna d’Anakana est le seul lieu où on parle de politique, ce qui a valu à Anakana le nom du village très très politique par le simple fait que c’est le seul village où aucun politicien n’oserait faire de fausses promesses.

Ce matin, le doux chant des oiseaux, accompagne les pas rassurants de Baba, le sage du village, qui revient de sa promenade en brousse, avec un porc-épic en main pour son petit-fils Ambadji.
Le village est réveillé depuis un bon moment et chacun se met au travail avant que le soleil ne soit ardent.
Chez les dogons quand tu es en retard sur tes activités on dit  » Nounou ou koun taigai » c’est-à-dire le soleil à chauffer sur ta tête! Une manière de montrer à quel point il est important d’être matinale au pays d’Ama.
Baba quant à lui, est debout dès le premier chant du coq. Il part faire un tour au champ, juste en bas de la falaise et rentre dès le lever du soleil avec des noix ou un porc-épic qu’il remet à ses petits-enfants. Ce matin il observe le village, il appelle Ambadji et le demande de venir.
Comme tous les grands-parents en Afrique, il tient aujourd’hui à raconter à Ambadji, l’histoire de la première école d’Anakana.
L’école, construite pendant la colonisation est la seule du village, elle est construite en brique de pierres et a subi quelques changements depuis lors.
Baba raconte qu’a l’époque c’était des bancs en terre cuite, sur lesquelles ils s’asseyaient, lui qui n’a fait que 4 ans sur les bancs, avant que son père vienne payer pour qu’on le laisse aller cultiver le champs afin d’aider la famille.
 » Écoute mon ami, (car en Afrique le petit-fils et le grand-père sont des amis et s’appellent ainsi), A cette époque, l’école était là où je rêvais de ne pas aller, car c’était un instrument au service de la colonisation. Chaque jour on nous chicotait… ». Pendant qu’il parlait, Ambadji s’est mis à rigoler. Et il le dit » donc Baba, tu étais un Vaurien quoi? » Et continua à faire des rires moqueurs…  A suivre