Faux ! Cet appareil n’a pas été conçu pour écouter les conversations ni pour détecter des hélicoptères ou des drones.
Partager
Sur les réseaux sociaux maliens, un système de brouillage portatif est présenté, dans de nombreuses publications, comme « un appareil qui permettrait aux groupes terroristes d’écouter les conversations, de détecter tout drone ou hélicoptère de nos forces de défense et de sécurité ». Il n’en est rien.
Sur les réseaux sociaux dont X, une page intitulée Afrique des libertés a posté le 27 mai 2024 (lien archivé ici) un texte accompagné d’une photo avec ce message : « Cet appareil sur cette image permet aux groupes terroristes d’écouté les conversations de nos FDS De détecté tous drones, tout hélicoptère qui arrive dans la position qu’ils occupent ». L’auteur de la publication va loin en ajoutant que « cet appareil a été fourni aux groupes terroristes par la France. ». L’auteur ne mentionne aucune source d’une telle allégation. La même photo a été partagée par des internautes sur les réseaux sociaux, sur Twitter (lien archivé ici), TikTok (lien archivé ici) et Facebook (lien archivé ici).
La fausse information connaît son pic d’activité entre le 26 et le 28 mai, surtout sur TikTok (lien archivé ici), mais aussi sur X (lien archivé ici) et Facebook (lien archivé ici). Néanmoins, ce narratif est préparé dès le 21 mai par Sissoko Sora Elvis sur X. Elle estime déjà que les Occidentaux fournissent aux djihadistes des technologies militaires de pointe dirigées contre l’AES.
Nos recherches via Small SEO Tools et Google Images, nous ont conduits sur plusieurs pages qui sont connues dans la diffusion des fausses informations sur internet, dont @A_Maiga2 et @DelfineSankara, où le même message circule.
Ce que l’on sait de cet appareil ?
Nous avons retrouvé le nom et la marque de l’appareil grâce à ses caractéristiques visibles sur la photo. Il s’appelle « IHASAVAR », un système de brouilleur anti-drone développé par la société turque ASELSAN. Ce système léger et convivial se compose d’une antenne ressemblant à un pistolet monté sur une crosse de fusil, équipée d’un télescope pour viser, et d’un sac à dos contenant des modules électroniques avancés. Il peut servir en protection des bases militaires, des installations critiques, des actifs de grande valeur, des événements publics et des personnalités contre les mini-drones / micro-drones hostiles. Les détails sont disponibles sur ce lien (lien archivé ici).
IHASAVAR n’a pas été conçu pour l’écoute de conversations, ni pour la détection d’hélicoptères, et n’a aucun effet sur les drones (Bayraktar) qui volent beaucoup trop haut pour la portée de l’appareil.
Il convient de noter que les forces de défense et de sécurité de l’Alliance des États du Sahel (AES) utilisent généralement des drones Bayraktar sur le terrain, acquis grâce à leur coopération avec les autorités turques. Les deux appareils ne sont pas de fabrication française (lien archivé ici).
Cette vérification des faits est rédigée par Malick Konaté de Assoblog.org, avec le soutien de l’Alliance africaine de vérification des faits (AFCA) et de PesaCheck, l’initiative de vérification des faits de Code for Africa.