Occupation anarchique des voies publiques à Bamako : entre incivisme et ignorance

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Rendre coquette la capitale malienne semble relever du rêve, de la parole et non de la réalité et des actes, car il est impossible de faire un tour dans la ville sans être confronté à l’occupation anarchique des voies publiques dont l’une des conséquences est l’enlaidissement de la ville.  A écouter les témoignages de la population bamakoise, on se rend compte que l’incivisme est à la base de cette situation, même si l’ignorance n’en est pas moins une des causes.

La plupart des Maliens, surtout ceux de la ville, souhaitent voir Bamako propre et coquette, ce qui reste jusque-là un rêve. De nombreuses voies de la ville de Bamako sont de nos jours anarchiquement occupées par des commerçants détaillants, des commerçants ambulants, des brocanteurs, des artisans, des réparateurs d’engins…, sans oublier des véhicules qui déchargent leurs marchandises au milieu de la voie publique. L’occupation anarchique du domaine public a pourtant des conséquences négatives comme l’obstruction des voies qui deviennent presque inaccessibles, la dégradation des infrastructures routières, des accidents de la circulation, la pollution de l’environnement et l’enlaidissement de la ville. « Selon nos textes, toutes occupations doivent être autorisées au préalable », affirme Alou Diabaté, Conseiller communal en commune III.  Il ajoute que la majorité des occupations des voies publiques n’est pas autorisée et que les gens s’installent sans même faire la demande ou la font seulement après l’installation de leurs kiosques et autres.  D’après lui, il n’y a que quelques rares installations qui sont autorisées mais dont l’autorisation n’est pas renouvelée, car les autorisations ne sont valables que pour une année.

Rendre Bamako coquette, à qui le rôle ?

Cette occupation anarchique des voies publiques est un véritable casse-tête non seulement pour les autorités qui peinent à mettre de l’ordre, mais également pour les usagers de la route qui en sont généralement victimes.

La Direction Urbaine du Bon Ordre et de la Protection de l’Environnement (DUBOPE) est l’autorité chargée de mettre de l’ordre et d’assurer la discipline dans le domaine public et de faire respecter les dispositions règlementaires en la matière. Mais elle semble avoir de sérieuses difficultés pour mettre de l’ordre, même s’il y a des textes qui réglementent l’occupation des voies publiques. « Les éléments de la DUPOPE sont dans toutes les mairies de Bamako et doivent relever des maires », a déclaré le conseiller communal en commune III.

Les mesures prises comme les tentatives répétées de déguerpir les occupants des voies publiques, les scènes de pourchasse des occupants anarchiques et la confiscation des marchandises sont des mesures qui sont restées jusque-là inefficaces à bien des égards. Aussitôt libérés, les espaces sont de nouveau occupés, faute de suivi et de sanctions.

Pour rappel, à l’approche du Sommet Afrique/France en 2017, il y a eu des opérations menées par le Gouverneur du District de Bamako de l’époque, Amy Kane, pour libérer certains espaces publics des griffes des « squatteurs ». Cela a été diversement apprécié par les Bamakois. Mais ces efforts n’ont malheureusement pas été accompagnés par « une mesure idoine ».

Selon un agent de la DUBOPE, il y a un manque de moyens, de véhicules et de personnel également. « Si on avait des véhicules et un effectif, on allait pouvoir assez bien mener notre mission afin de libérer ces endroits occupés, et le déploiement d’une brigade policière serait également nécessaire »,  regrette-t-il.

Si l’autorité en charge peine à résoudre le problème, il y a donc lieu de se poser la question de savoir s’il ne faut pas explorer d’autres voies. Alors quel rôle pour la population ?

Incivisme ou ignorance ?

L’incivisme et l’ignorance sont tous sans doute à la base de l’obstruction des voies publiques. Si certains ignorent l’interdiction de cet acte, d’autres par contre sont bel et bien conscients qu’il est interdit au Mali à travers des textes qui le réglementent. Mais ces derniers pensent tout simplement que le plus important, c’est de gagner de l’argent au mépris des textes en vigueur. « An bɛ an dahirimɛ de gnini (Nous cherchons seulement  à gagner notre vie »), ont dit beaucoup des personnes interrogées dans leurs interventions.

Bourama SANGRE, un mécanicien installé au bord de la route, explique que la situation l’oblige à faire cela pour subvenir à ses besoins et nourrir sa famille. « J’ai été victime des opérations de déguerpissement menées par Amy KANE en 2017, mais je suis revenu m’installer en 2018. Je n’avais pas le choix, j’ai des bouches à nourrir, sinon je suis conscient que l’occupation de ce lieu est interdite ». Pour rester sur cette place, il ajoute qu’il négocie toujours avec les agents qui viennent les chasser.

Selon M. Maiga, un agent de la Mairie du District, l’obstruction des voies publiques est due avant tout à l’incivisme et à la complicité entre les agents et les occupants. « Les occupants savent bien qu’ils sont en train de violer une loi, mais ne voient que leur propre intérêt », a-t-il ajouté. Il poursuit en affirmant que « les occupants corrompent toujours les agents de la DUBOPE. Donc il y a une complicité entre eux ».

Aissata SIDIBE, vendeuse installée au bord de la route, avoue qu’elle ignore l’interdiction de l’acte par la loi. A la question de savoir si elle est consciente du fait qu’elle est en train de violer la loi en s’installant sur ce lieu, elle répond par la négative. « Depuis toute petite, je vois les gens s’installer au bord du goudron pour mener leurs activités. Donc, étant en chômage, j’ai aussi décidé de venir vendre des fruits ici. En plus, je n’ai jamais entendu que c’est interdit, même si nous-mêmes on voit que nos marchandises gênent parfois les usagers de la route ».

Idem pour AIima DOUMBIA, vendeuse ambulante âgée de 16 ans. « Je vends les marchandises de ma mère, ni elle, ni personne d’autre ne m’a parlé d’interdiction de vendre sur les voies publiques » avoue-t-elle.

Ces témoignages et beaucoup d’autres prouvent que l’ignorance fait partie des causes de l’occupation anarchique des voies publiques. Mais l’incivisme constitue la cause principale.

Koumba COULIBALY

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