Amita, un rêve brisé! ( Deuxième partie)

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Elle, qui rêvait de fonder une belle famille après ses études, là, maintenant, elle voit son monde s’effondrer autour d’elle. On vient de lui arracher ce qu’une femme a de plus cher au monde, ce privilège d’avoir un enfant, cette bénédiction de pouvoir donner vie à d’autres personnes.

Amita a une santé très fragile suite à ses deux grossesses précoces. La venue au monde de ses deux enfants fut incroyablement longue et terrible pour elle.

D’ailleurs, les deux n’ont pas survécu et elle a cette douleur qui lui vient à la gorge à chaque fois que sa pensée vole vers ses enfants. Une enfant qui pleure ses enfants. Quel monde !

Elle ne sait pas si elle a attrapé une maladie sexuellement transmissible, ce qui est sûre, tout porte à le croire, elle en est sûre car elle n’est pas en position de demander au moins un rapport protégé.

Au-delà de la déscolarisation des jeunes filles, le mariage précoce favorise la violence, les abus sexuels, le maintien de la femme dans une position inférieure à celle de l’homme et bien entendu la pauvreté fait sa fête.

Ce rapport lui a volé la tranquillité de sa matinée.

Dans ce même rapport, elle lit que même si le mariage précoce est très fréquent chez les filles, les jeunes garçons aussi ont leur part de peine à tirer. Selon les derniers chiffres de l’Unicef, 115 millions de garçons et d’hommes à travers le monde auraient été mariés durant leur enfance.

Ces garçons seront obligés d’abandonner les études et d’être des  enfants adultes pour s’occuper de leurs jeunes familles.

Amita essaie de convoquer les visages de ces millions de jeunes filles et garçons aux rêves brisés mais elle n’y arrive pas, alors elle se les dessinent dans sa tête.

A travers ses dessins imaginaires, elle voit enfin le visage des Fatou, Assi, Oumou, Zeynab, Mariam, Jeanne, Ester, ceux des  Oumar, Moussa, Mamadou, Harouna, Samba, Malick et des milieux d’autres tous comme elle, tombés dans un piège, dans une chambre forte sans issue.

Ce mariage leur a pris tout ce qu’ils avaient.

Ce mariage qu’ils n’avaient pas demandé.

Ce mariage qui leur est tombé dessus tels des bombes sur les enfants en Syrie et dans les quatre coins du monde.

Elle pense aussi à leur souffrance, à eux, tous ces enfants maltraités et violentés à travers le monde.

Toujours dans sa lecture du rapport, elle lit à haute voix telle une chanson pour se convaincre d’une chose dont elle n’est pas sûre, ce qui devait être la cause de ce malheur qu’est le mariage d’enfant.

Selon ce document dans sa main, dans le monde, une fille sur cinq est mariée par force avant ses 18 ans.

Ceci est dû entre autre à :

L’inégalité des sexes : Plusieurs pratiquants du mariage précoce sont convaincus que les filles et les femmes sont inférieures par rapport aux hommes.

La pauvreté : Dans des pays comme le Mali, nous voyons généralement des jeunes filles comme des vendeuses d’eau fraîche au bord des routes et aussi des « villageoises » venues chercher de  quoi se doter le jour de leur mariage. Donc ces filles sont souvent vues comme des sources de revenus mais aussi et surtout un poids pour la famille.

Leur mariage très tôt est un avantage pour leur famille vue que leur charge revient à leur mari.

L’absence de certificat de naissance : Selon L’ONU, 230 millions d’enfants n’ont pas été enregistrés à la naissance dans le monde. Dans cette situation, il est très difficile de connaître l’âge exact de la jeune fille sans aucune identité juridique. Dépourvues de ce document capitale, nos sœurs sont exposées à ce fléau.

Les réalités de la société :

Nous avons sûrement tous entendu cette phrase au moins une fois dans notre vie : « Une fille qui se respecte doit savoir prendre soin de son mari, de ses enfants et de sa maison » et donc de ce fait, sa seule ambition serait d’apprendre  comment satisfaire son homme et d’être une bonne femme au foyer aux réflexions limitées.

Les pratiques traditionnelles qui stipulent que la virginité de la jeune fille est une marque de dignité, de fierté et d’honneur et donc les marier très tôt évitera qu’elle déshonore leur famille. La jeune Fatim est mariée très tôt, plus vite le risque de déshonorer sa famille par une grossesse est écarté.

Les situations de crise 

L’école permet à beaucoup de filles de ne pas subir les supplices du mariage précoce. Mais si ces filles n’ont plus accès aux salles de classe, le risque de se retrouver dans un mariage est très élevé. Le constat a été fait avec cette pandémie à Coronavirus. Dans cette situation extrême, de nombreux parents décident de marier leur fille. Beaucoup de jeunes enfants ont assisté aux massacres de leurs rêves depuis le début de cette pandémie.

Amita lit ce rapport avec une telle fureur contre l’humanité. Le grand spectacle du monde des vivants.

Après avoir perdu ses deux enfants, Amita s’est vue dire par un docteur qu’elle ne pourra plus féconder donc elle est stérile.

Elle, qui rêvait de fonder une belle famille après ses études, là, maintenant, elle voit son monde s’effondrer autour d’elle. On vient de lui arracher ce qu’une femme a de plus cher au monde, ce privilège d’avoir un enfant, cette bénédiction de pouvoir donner vie à d’autres personnes.

Son père,  cette plume s’entête à appeler son mari, son père ; voyant qu’elle ne peut plus avoir d’enfant a décider de la répudier sans aucun projet de vie. Amita se retrouve dans un univers vide de sens, vide d’amour et d’humanité.

Un matin, le journal annonce avoir retrouvé le corps d’une jeune fille au fond du fleuve et devinez quoi.. ? Cette fille, c’était Amita, elle a succombé sous le poids de ce mariage et de tout ce que ça implique.

Amita a son 18ème anniversaire s’est donnée la mort en se noyant. Elle est tombée dans cette profonde eau avec ses rêves, ses ambitions, ses aspirations, ses projets et son envie de changer le monde. Amita vient de perdre son pari sur l’avenir qu’elle espérait si prometteur et si magnifique. Mais la vie nous joue très souvent de mauvais tours.

Désormais, ce fleuve sera le gardien de ses rêves perdus à jamais. Il est le seul à avoir bien compris Amita dans ce vaste univers.

Le récit d’Amita ne te dit rien.. ?

Eh, Amita pourrait être ta sœur, ton amie, ta cousine, ta fille, ta voisine, ta tante, ta camarade de classe, ta cousine… que peux-tu faire pour éviter que d’autres subissent le même sort qu’Amita ?

Elles sont des millions à travers le monde à crier sans être entendues.

Mobilisons-nous pour offrir à nos sœurs une vie digne d’être vécue à leur permettant de jouir de tous leurs droits.

N’oublions jamais que notre case n’est point en sécurité quand celle du voisin est en feu.

Non aux mariages d’enfant.

Non aux vols de rêves de nos sœurs.

Amadou Bréhima Karagnara

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