Amita, un rêve brisé (Première partie)

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Elle n’a rien demandé à personne et voilà que l’on décide de son avenir à sa place. Elle, dans sa tête, elle se voyait devenir un jour une grande dame influente à travers le monde. Celle qui partagera son savoir pour aider le monde à aller dans le bon sens.

Comme à son habitude, la jeune Amita, est à sa place favorite, de là, elle peut voir à travers la fenêtre de son âme le monde qui l’entoure, qui lui est bien étranger, rempli de contradictions, le monde qui lui est décrit dans les films, documentaires et feuilletons mais aussi et surtout le monde imaginaire de ses pensées, celui dans lequel tout est possible.

Possible parce que toutes les conditions sont réunies pour aider les uns et les autres à atteindre leurs objectifs. Là où, tout rêve a un sens, où tout rêve est tel un arbre bien touffu et fruitier. Il y’a longtemps qu’elle vit dans ce monde des mille possibilités parce que tout simplement elle a peur d’être dans son monde réel, celui où tous ses rêves se sont effondrés tel un édifice mal bâti.

Cet instant est le plus apprécié d’Amita car elle se trouve plus proche que jamais de l’énergie de l’univers. Toujours est-il qu’elle savoure et magnifie ce moment pour une autre raison bien plus grande, c’est évident qu’elle n’apprécie pas le monde qui l’a élevée et façonnée. Elle n’est pas de cette terre, pas de ce monde. Elle vit mal l’incompréhension des autres. Elle a parié sur l’avenir et il se trouve qu’elle a misé sur le mauvais cheval.

Cela fait environ six ans qu’elle vit un enfer avec un homme qui dans un autre monde pourrait être son père. Un de ces beaux matins, un homme riche est venu chez ses parents et leur a demandé la main de leur brillante et intelligente fille en mariage. Car elle avait prouvé à tout le monde que oui, les filles aussi peuvent être prodigieuses à l’école, et même un peu plus que les garçons quand elles sont dans des conditions favorables. En bons ou mauvais parents, elle n’en sait plus trop rien, ils ont accepté parce que pour eux, tout ce qui comptait, c’était d’avoir un gendre plein aux as. Amita à ses 12 ans voit sa vie basculer du mauvais côté. Le diable vient de serrer sa main.

Elle n’a rien demandé à personne et voilà que l’on décide de son avenir à sa place. Elle, dans sa tête, elle se voyait devenir un jour une grande dame influente à travers le monde. Celle qui partagera son savoir pour aider le monde à aller dans le bon sens. Et voilà que tout tombait d’un coup à l’eau. Ils viennent de troquer son avenir contre une maudite somme d’argent et une modeste condition de vie éphémère. Elle sentait ses pieds s’alourdir et le sol se plaindre du poids de sa misère. Elle se demandait pourquoi ses parents l’avaient vendue? Ne l’aimaient-ils pas ? Pour se défendre, ils répétaient l’histoire de son amie, Fatim, qui avait eu un enfant hors mariage et ainsi avait déshonoré sa famille.

Six ans, jour pour jour, Amita essaie d’imaginer ce que serait sa vie si elle avait continué ses études… Eh oui, ce mariage ne se marie guère avec l’école. Entre les travaux domestiques, l’entretien de ses enfants et surtout de son père oups, son mari je veux dire, elle n’a pas trop le temps pour les cahiers et les livres. Ainsi, elle voit ses possibilités limitées.Ma plume semble ressentir la colère et le dégoût d’Amita. Elle essaie tant bien que mal de comprendre comment elle avait atterri dans ce monde, dans cet enfer, qui lui a volé tous ses rêves. Et là, elle tombe sur un rapport de l’ONU dans lequel elle trouve des choses vraiment terribles sur d’autres jeunes filles comme elle, ses sœurs d’une autre mère.Eh oui, elle sait lire puisqu’elle est intelligente et est destinée à un grand avenir. D’après ce rapport, chaque année, 12 millions de filles se marient avant l’âge de 18 ans. Avec ce mariage prématuré, ces jeunes filles voient leurs droits fondamentaux se faire voler. Il s’agit bien entendu des droits à l’éducation, à une enfance plus épanouie, à la santé, au développement personnel de la jeune fille, le droit à une enfance plus juste mais aussi et surtout le droit d’être un enfant tout court. Donc à chaque seconde qui passe, des millions de jeunes filles vivent les mêmes injustices qu’elles.

Le poignet de sa porte est tel un serpent à sonnette qui la mord à chaque fois que son père, je veux dire son mari, quelle maladroite plume, lui demande de partager son lit. A chaque fois, c’est le même calvaire, à chaque fois la même torture. Amita se demande bien ce qu’elle et ses autres sœurs ont bien pu faire à la société pour vivre une telle vie. Elle tourne la page et voit que chaque jour, elle subit ce que l’ONU appelle les abus sexuels, le viol autorisé, impuni. Elle vit mal cette vie, elle est frustrée et traumatisée par tout ça. Elle se disait que ses parents ont eu la chance de ne pas avoir vécu ce qu’elle vit et là elle voit sur sa feuille mouillée par des larmes de chagrin, qu’environ 650 millions de filles et de femmes vivantes aujourd’hui auraient été mariées durant leur enfance. Elle voit des oiseaux , libres comme l’air, volés en groupe et a voulu leur criés qu’elle est malheureuse ici en bas mais ils ont disparu comme effacés du ciel par une gigantesque main invisible

Amadou Brahima Karagnara

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