Ma coépouse a l’âge de ma fille ! (Troisième partie)
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Le choix des jeunes dames comme secondes épouses des hommes âgés est le nouveau phénomène en mode à Bamako. Après l’histoire de Fatima, une victime de cette situation, je vous relate les expériences vécues par des jeunes femmes comme Assan qui acceptent d’être coépouses de femmes qui ont l’âge de leur mère.
Nombreuses sont aujourd’hui ces jeunes dames qui acceptent d’être coépouses de femmes qui peuvent les avoir comme enfants. A en croire les témoignages de certaines d’entre elles, cette situation ne leur pose aucun problème. Au contraire, elles s’en réjouissent beaucoup.
Assétou, une jeune fille de 23 ans, m’affirme qu’elle se réjouit de son mariage, même si son époux peut avoir l’âge de son père :
« Mon époux est âgé de 60 ans; quant à ma coépouse, elle a au moins l’âge de ma mère. Mais cette situation ne me pose aucun problème. Au contraire, je m’en réjouis beaucoup. D’aucuns disent que je l’ai épousé pour son argent, mais cela ne me dit rien, car on s’aime énormément. En plus, je ne vis pas avec ma coépouse ; donc même si elle est contre mon mariage je ne peux vraiment pas le constater. Je suis tout de même consciente du fait qu’on se doit tous les trois un respect mutuel, car nous nous rencontrons forcément lors des cérémonies sociales dans la famille ».
Quant à Madina, âgée de 20 ans et fiancée à un homme qui a déjà deux femmes, elle en appelle à la compréhension des premières femmes. « L’amour ou le mariage n’a pas d’âge, je demande aux femmes mariées de nous donner la chance d’être 2ème, 3ème ou même si possible 4ème épouse. Chacune de nous souhaite avoir un mari à elle seule, mais cela est impossible, car les femmes sont nombreuses, et avec les hommes de notre âge, c’est souvent compliqué, alors que les hommes âgés nous comprennent mieux et connaissent notre valeur. ‘’Cɛ mɛtri da gɛlɛyalen don’’ (C’est difficile maintenant de trouver un mari). Je demande donc aux femmes mariées d’avoir pitié de nous » se prononce Madina avec un sourire sur le visage.
Ces jeunes dames se réjouissent donc d’avoir juste un mari. Qu’il soit jeune ou vieux, cela n’a pas d’importance.
Contrairement à ces dernières, Aminata, une jeune dame divorcée regrette d’avoir épousé un homme qui n’était pas de sa génération.
« Tout n’est pas toujours rose comme on le pense. J’étais la deuxième épouse d’un vieux qui a trois foismon âge, et sa première fille était plus âgée que moi. Au début de notre relation, tout allait bien, et je m’en réjouissais de notre. Il m’a épousée malgré l’opposition de sa femme et de ses enfants. Mais notre mariage n’a duré que deux ans, parce qu’on ne se comprenait plus, on ne voyait pas les choses sous le même angle. Selon lui-même sa femme est beaucoup plus compréhensive que moi. Quant à moi, je pense que l’incompréhension venait du fait que nous n’étions pas de la même génération. Alors le mariage avec un vieux, c’est deux choses : soit la jeune fille prend le pli d’une vieillesse prématurée à travers ses comportements et sa maturité, soit le vieux accepte de revivre sa jeunesse. Dans le cas contraire, l’union risque d’aboutir à l’échec.» affirme Aminata.
Comme on peut le constater, le mariage entre une jeune fille et un homme très âgé pose toujours des problèmes de compréhension. C’est ce qu’avoue Aminata sans aucun détour. Quant à Assétou et Madina, elles déclarent certes être heureuses et satisfaites, mais leurs déclarations laissent entrevoir des sources de problèmes. Pour Assétou, il semble que l’argent joue un rôle dans la relation. Qu’en sera-t-il quand il n’y aura plus d’argent ? L’amour résistera –t-il au manque d’argent ? Quant à Madina, elle ne met pas en avant l’amour qu’elle a pour son mari, mais plutôt les difficultés que les jeunes filles rencontrent avec les hommes de leur génération, et le fait que les femmes sont nombreuses. Donc c’est faute de mieux qu’elle a choisi un homme beaucoup plus âgé qu’elle.