Tradition : le mariage de SC en danger (Première partie)
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Et si on enseignait à nos enfants les anciennes coutumes, les traditions, les mœurs et les totems de la famille depuis le bas âge? Cela ne permettrait-il pas d’éviter certaines situations? Je suis tentée de dire oui, car le cas de SC, (une jeune fille victime d’un interdit familial qu’elle ignorait) plaide en faveur de cette réponse. De nos jours, beaucoup de nos pratiques traditionnelles disparaissent, et comme le dit notre génération « O ko ninnu depasera, anw t’o tile la bilé » « ces choses-là sont dépassées, ce temps-là est révolu ».
Oui, c’est vrai que les choses évoluent au fil du temps, surtout avec la modernité, mais il serait toujours mieux de faire un brassage et garder les traditions qui sont bonnes et nécessaires pour notre société. Il faut rappeler que les religions s’opposent à certaines pratiques traditionnelles et coutumières, mais il y a d’autres auxquelles les religions n’ont rien à reprocher. Si ces dernières n’ont pas de conséquences néfastes sur le plan social, elles peuvent toujours être pratiquées. Comme illustration, autrefois, les personnes âgées avaient l’habitude de raconter des histoires et des contes aux enfants, ce qui permettait à ces derniers d’en tirer des leçons pour la vie, et d’avoir des connaissances sur leurs origines, leurs ancêtres, leurs coutumes, mœurs et traditions.
Mais aujourd’hui, la disparition de cette pratique a sans doute des conséquences négatives dont on ne se rend pas toujours compte. La situation de SC en est une illustration parfaite.
SC est une jeune fille de 24 ans issue d’une famille Bambara. Elle vient de finir ses études universitaires, mais n’arrive pas à fonder un foyer avec l’homme de sa vie, selon elle-même. La raison est que les parents s’opposent à leur mariage, parce que selon eux, ils sont une famille Bambara qui n’entretient pas de relation de mariage avec les bozos. Pour SC, ceci paraît étrange, dans la mesure où elle ne l’avait jamais entendu auparavant et cela, durant toute son existence, dit-elle.
«Depuis toute petite, je vis avec mes parents et j’ai eu la chance de grandir un peu à côté de ma grand-mère paternelle qui me racontait souvent des contes. Mais elle ne parlait jamais ni de mon grand-père, ni de nos traditions. Je pensais que cela était dû au fait qu’elle était toujours sous le choc du divorce avec ce dernier. Mon père, lui, est toujours occupé par son travail, et il est tellement sévère que je n’ai jamais eu le courage de l’approcher pour causer. Quant à ma maman, elle pense que les coutumes et traditions sont juste des histoires qui ne doivent pas être nos préoccupations. Il y a 4 ans de cela, je me suis mise en relation avec un homme du nom de famille Djènèpo ; on s’aime beaucoup et on se comprend tellement, que je pense ne pas pouvoir être heureuse sans lui. Il m’avait promis de m’épouser une fois que je terminerais mes études, durant lesquelles il m’a d’ailleurs beaucoup aidée. Je ne veux même pas m’imaginer une séparation entre nous» explique SC.
Promesse tenue
Comme dans beaucoup de cas, la promesse de mariage n’était pas un leurre, SC témoigne très émue:
«Comme promis, juste après ma soutenance mon amoureux a envoyé ses parents pour les premières démarches de notre mariage. Toute heureuse, pensant que mon rêve est en train de se réaliser, à ma grande surprise, on me fait savoir que notre famille Bambara n’entretient pas de lien de mariage avec les bozos»
Elle continua : « C’était ma toute première fois d’entendre cela dans ma famille. La nouvelle m’a été annoncée par un oncle avec l’appui de mon père. J’ai cherché en vain le pourquoi, mais les réponses que j’ai obtenues ne m’ont toujours pas donné de satisfaction. »
Quelles sont les raisons de ce refus ? A suivre…